Ami lecteur. Je sais que ce roman soulèvera des questions de tous ordres: techniques, intellectuels ou idéologiques, compte tenu de l'idée plutôt inhabituelle qui le sous-tend.
Mais ne pensez-vous pas que le cauchemar qui étrangle notre nation, que l'énorme vague d'effroi qui recouvre et fait trembler notre imagination et nos rêves, que l'inquiétude gui s'est emparée de nos esprits ont fatalement pour conséquence, dans le domaine de l'art, l'apparition de formes diversifiées et inaccoutumées qui peuvent ouvrir la voie à des conceptions elles-mêmes multiformes, parfois bâtardes et perturbées, mais parfois aussi, authentiques et riches en vertus fertiles?
Les problèmes lancinants, qu'ils soient d'ordre intellectuel ou passionnel, qui, jour et nuit assaillent et occupent nos esprits, ne doivent pas échapper aux penseurs et aux écrivains gui se doivent, au contraire, de tenter de mettre en oeuvre de nouvelles voies et de nouvelles expériences afin d'exposer librement leurs idées, mais toujours avec la clarté et la gravité qu'elles méritent.
On sait que le fond joue un rôle primordial dans le choix de la forme. Il impose même à l'écrivain le style qu'il finira par adopter.
Najîb al-Kîlânî